La honte de l'autruche
Oh là là...
Je viens de lire tous vos messages et je pleure sans retenue sur mon clavier, je vous le jure.
Vous me manquez tellement et je m'en veux de ne pas vous avoir donné signe de vie avant.
J'ai si peu d'excuses pour ce trop long silence mais je vais quand même essayé de vous expliquer...
La vérité, c'est que depuis le début de l'été, je me suis bêtement isolée dans ma tête. Je vous assure que ça ne ressemble pas à Cuba et que ce n'est vraiment pas la joie. Je me suis aperçue que le monde que je m'étais construit à Québec, avec vous et nos soirées "Littérateuses et Mathieu", entre les interminables heures de cours avec Serge et les dizaines de dissertations à rédiger, était devenu tout pour moi. Je n'avais pas bien réalisé ce qui se passerait une fois que l'année scolaire serait terminée, une fois qu'il me faudrait réintégrer ma vie d'avant. On ne comprend jamais assez la valeur d'une chose que lorsque celle-ci disparait...
Je suis perdue. Je suis retournée dans un monde que j'avais voulu quitter à tout prix il y a deux ans, un monde qui ne me ressemble pas, ou plutôt qui ressemble trop à ce que je ne suis plus. Dans le vent qui souffle à Trois-Pistoles, j'ai en rafales des souvenirs d'un temps qui m'a trop fait souffrir... Nous avons tous plus ou moins apprécié notre secondaire, pas vrai? Pour moi, c'était l'enfer, mais dans mon esprit uniquement. À ma grande déception, j'ai découvert que je n'avais pas encore tourné la page, que certaines plaies restaient toujours à vif.
Et puis je joue à l'autruche... Je suis atteinte du syndrome de ce grand oiseau laid et imbécile qui se cache la tête dans le sable lorsque quelque chose ne va pas... Au lieu de chercher à me reconnecter à un univers rassurant, je m'obstine à m'encroûter dans la peur et l'ennui. Valorisant, n'est-ce pas?
Je travaille, pour tuer le temps et faire un peu d'argent. Je lis ce qui me tombe sous la main et je gribouille un peu. Et quand ça devient trop lourd, je vends mon âme à Super Écran (la télévision, c'est le démon). Heureusement, ma famille m'aide à tenir le coup et je m'aperçois, un peu tard mais quand même, que vous êtes peut-être loin mais que vous êtes toujours là!
Si j'ai tant tarder à donner de mes nouvelles, c'est peut-être que je n'avais pas envie de vous apparaitre si malheureuse ou, pire encore, de jouer l'hypocrite... Mais l'amitié, c'est beau temps, mauvais temps, non?
Me pardonnerez-vous mon absence de mots et de raison?
Myriam.